Le chemin de Stevenson

Du 29 mai au 9 juin 2021

Samedi 29 mai : Pessac - Le Monastier-sur-Gazeille

L'entrée de notre gîte
L'entrée de notre gîte
Une des nombreuses anciennes boutiques du Monastier
Une des nombreuses anciennes boutiques du Monastier

Mercredi 29 mai à 8 heures, parking de l’ASCPA : 4 voitures et 12 participants prennent la route pour se rendre au Monestier-sur-Gazeille point de départ de notre randonnée.
Après un piquenique sur une aire de repos nous atteignons le Monastier en début d’après-midi après un voyage sans histoire.
Le Monastier est un gros bourg dont on comprend vite qu’il a connu des jours plus fastes et des rues plus animées, mais qui garde encore de belles traces du passé à l’image de son abbatiale, de ses églises et de son château.
Notre gîte se nomme l’Ile au trésor, premier d’une longue série de  rapprochements avec Stevenson qui aurait été très surpris de la renommée  acquise post-mortem dans cette région qu’il ne fit que traverser et dont il ne ménageât pas toujours les habitants dans ses écrits.

Hommage à Stevenson...
Hommage à Stevenson...

Étape 1 - Dimanche 30 mai : Le Monastier-sur-Gazeille - Le Bouchet-Saint-Nicolas

La Gazeille
La Gazeille
La Loire, le château de Beaufort... et le plateau à atteindre
La Loire, le château de Beaufort et en arrière-plan le plateau à atteindre

8 heures sonnent à l’abbatiale du Monastier lorsque nous prîmes le départ de la première étape, direction le Bouchet-Saint-Nicolas.
Après avoir traversé la Gazeille, le chemin s’élève rapidement  pour atteindre un plateau typique du Velay avec ses pâturages, ses cultures et ses chemins rougis par la pouzzolane.
Une descente délicate et abrupte nous amena au Goulet pour franchir la Loire avant de remonter franchement sur un autre plateau  menant au Bouchet-Saint-Nicolas

Paysages du Velay
Paysages du Velay
En route vers Le Bouchet
En route vers Le Bouchet

Les chiffres du jour : distance : 23 km, dénivelé + : 745 m, dénivelé – : 407 m, IBP 83

Étape 2 - Lundi 31 mai : Le Bouchet-Saint-Nicolas - Pradelles

Départ du Bouchet sous les regards bienveillants de Stevenson et Modestine
Départ du Bouchet sous les regards bienveillants de Stevenson et Modestine
Passage sous et sur le viaduc d'Arquejols
Passage sous et sur le viaduc d'Arquejols

 Cette étape, moins vallonnée que la précédente nous offre un paysage quadrillé par une succession de pâturages et de parcelles soigneusement épierrées vouées à la culture de la lentille, laissant facilement deviner l’âpreté et la dureté du climat entre alternances d’hivers interminables et d’étés torrides.
La fin du parcours nous vit entamer une course poursuite avec de gros nuages noirs qui eurent cependant la bonne idée d’attendre notre arrivée au gîte avant de se déverser sur Pradelles.

Traces du riche passé historique de Pradelles
Traces du riche passé historique de Pradelles

Les chiffres du jour : distance : 22 km, dénivelé + : 243 m,  dénivelé – : 322 m, IBP 64

Étape 3 - Mardi 1er juin : Pradelles - Cheylard-l'Évêque

Derniers regards sur le Velay
Derniers regards sur le Velay
Patchwork géant et camaïeu de vert
Patchwork géant et camaïeu de vert

Après un dernier crochet dans les ruelles  de Pradelles, témoins de son riche passé médiéval, nous entamons une longue descente pour franchir le pont de l’Allier à Langogne, gros bourg commercial devant jadis sa prospérité à sa situation sur la voie Régordane, et, plus tard, à l’implantation du chemin de fer.
C’est également ici que vous quittons le département de la Haute Loire pour celui de la Lozère ainsi que le Velay pour le Gévaudan, encore associé à la “bête férosse” ayant semé la terreur dans le pays au XVIIIe siècle.
C’est l’esprit bien loin de ce passé morbide que nous atteignons Cheylard-l’Évêque après avoir traversé une forêt magnifique encore sublimée par une partie de cache-cache entre soleil et nuages.
Peu après notre arrivée, la pluie s’invita de nouveau…

Les profondes forêts de Gévaudan
Les forêts profondes du Gévaudan
La descente vers le Cheylard
La descente vers le Cheylard

Les chiffres du jour : distance : 22 km, dénivelé + : 396 m, dénivelé – : 448 m, IBP 66

Étape 4 - Mercredi 2 juin : Cheylard-l'Évêque - Chasseradès

Des sous-bois mystérieux...
Rencontres insolites...
Rencontres insolites...

“Comment peut-on avoir envie de visiter le Cheylard ? C’est chose qui dépasse mon imagination” écrivit R.-L. Stevenson dans son “Voyage avec un âne dans les Cévennes”.
Nul doute que s’il eût connu l’Auberge du Moure, la qualité de son accueil, de sa restauration et de son inégalable petit-déjeuner il n’eût jamais formulé  un jugement aussi péremptoire.
C’est donc copieusement rassasiés que nous prenons la direction de Chasserades en quittant le GR 70 pour les GR 470 et 7. La pluie fait son apparition mais cèdera bientôt la place à un brouillard humide et cotonneux qui ne nous quittera plus.
Cette journée, un peu compliquée par une déviation non prévue du GR, se déroula dans une atmosphère particulière et dans un environnement totalement sauvage. Une randonneuse et son âne occupé à brouter sur le bord du chemin furent les seules présences humaines rencontrées jusqu’à la jonction avec le GR 70, peu avant l’arrivée à Chasserades.

Les chiffres du jour : distance : 23 km, dénivelé + : 477 m, dénivelé – : 421 m, IBP 76

Étape 5 - Jeudi 3 juin : Chasseradès - Le Bleymard (Chalets du Goulet)

Travaux sur le viaduc de Mirandol
A travers la forêt du Goulet

La fermeture définitive (et regrettée) du gîte des Alpiers nous a contraint à trouver un autre hébergement et à s’écarter encore une fois du tracé classique du GR 70.
Dès le départ nous passons sous l’imposant viaduc de Mirandol. Stevenson relate sa rencontre avec les ingénieurs chargés de l’élaboration du projet lors de son passage en 1878.
143 ans plus tard des travaux sont encore nécessaires pour entretenir et renforcer les galeries pare-neige construites à ses extrémités pour éviter les formations d’immenses congères bloquant la voie.
Puis nous entamons la montée vers le sommet du Goulet à travers la superbe forêt éponyme au milieu des sapins et épicéas et feuillus où les hêtres règnent en maître.
A la côte 1412 où nous quittons le GR pour rejoindre notre hébergement situé à 3 km du Bleymard.

Les chiffres du jour : distance : 17 km,  dénivelé + : 400 m, dénivelé – : 297 m, IBP 59

Étape 6 - Vendredi 4 juin : Le Bleymard (Chalets du Goulet) - Le Pont-de-Montvert

La montée vers le Mont Lozère balisée par les montjoie
La montée vers le Mont Lozère balisée par les montjoie
Au sommet (venté) du pic Finiels
Au sommet (venté) du pic Finiels

Nous quittons notre gîte pour une étape qui nous conduira au point culminant de notre parcours : le Mont Lozère.
Dès la sortie du village du Bleymard la pente s’accentue pour atteindre le col Santel et le centre de ski.
Une large draille balisée par des montjoies servant de jalons en cas de brouillard, nous mène à travers des croupes dénudées, recouvertes de pelouses et de landes, au sommet de Finiels et ses 1699 m.
Malgré son altitude relativement modeste il offre sur 360° un magnifique panorama où le bleu du ciel et des montagnes se confondent. Des tables d’orientation tracent quelques repères sur l’horizon mais la  turbulente rencontre des masses d’air atlantique et méditerranéenne abrégea quelque peu la leçon de géographie.
Après le village de Finiels, la transformation radicale du paysage avec ses chaos granitique, ses floraisons débridées de genêts et son parfum du Sud, nous rappelèrent que nous étions bien entrés dans les Cévennes.
Un sentier pentu et pénible, mi-chemin mi-ruisseau (ou le contraire…) nous amena au Pont-de-Montvert, destination du jour et lieu historique qui vit  le déclenchement de la guerre des Camisards en 1702.

Caprices de la nature
Chaos granitiques et caprices de la nature
Un océan de genêts
Un océan de genêts
Rencontre avec une dame tétras lyre peu farouche
Rencontre avec une dame tétras lyre peu farouche
Le Pont-de-Montvert et le Tarn
Le Pont-de-Montvert et le Tarn

Les chiffres du jour : distance : 23 km, dénivelé + : 629 m, dénivelé – : 975 m, IBP 89

Étape 7 - Samedi 5 juin : Le Pont-de-Montvert - Florac

Montée vers la Cham de l'Hermet avec le Pont-de-Montvert au fond de la vallée
Montée vers la Cham de l'Hermet surplombant le Pont-de-Montvert
La bergerie de l'Hermet, témoigne d'une activité pastorale encore bien présente
La bergerie de l'Hermet, témoigne d'une activité pastorale encore bien présente

Après une brève mise en jambes dans les ruelles du Pont-de-Montvert, nous attaquons la journée par une sévère montée vers la Cham de l’Hermet sur un sentier pierreux offrant de belles perspectives sur le village que nous venons de quitter.
L’arrivée sur ce plateau granitique, coloré par l’or des genêts, nous rappelle la vocation pastorale de la région et s’il est encore trop tôt dans la saison pour apercevoir bergers(ères) et moutons, les fréquentes rencontres avec de placides bovins nous le confirment.
Une courte descente nous mène au pont de Fiaoure prélude à la longue et difficile montée vers le signal du Bougès via les cols de la Planette et des Trois-Fayards.
Si le signal du Bougès (1421 m) ne présente pas des perspectives aussi grandioses que celles du Mont Lozère, il n’en offre pas moins un panorama magnifique sur des reliefs ondulés recouverts de bruyère avec la corniche des Cévennes barrant l’horizon.
Le chemin se poursuit dans un premier temps en pente douce vers Florac que l’on atteint après une portion beaucoup plus abrupte à proximité de la ville aux Trois rivières.

Vue de la corniche des Cévennes depuis le signal du Bougès
Vue de la corniche des Cévennes depuis le signal du Bougès
Un bien curieux rassemblement de cairns...
Un bien curieux rassemblement de cairns...

Les chiffres du jour : distance : 26 km, dénivelé + : 769 m, dénivelé – : 1038 m, IBP 97

Étape 8 - Dimanche 6 juin : Florac - Cassagnas

Fontaine du Mazel de Mort à Saint-Julien-d'Arpaon
Les gorges de la Mimente
Les gorges de la Mimente

Notre gîte étant situé à l’opposé de Florac, nous devons traverser les ponts sur le Tarn et le Tarnon et descendre la rue principale, bien calme en ce dimanche matin, même si les nombreuse boutiques laissent à deviner que Florac tient à honorer son rang de sous-préfecture.
Comme toujours, les axes de communication se sont adaptés à la topographie et c’est ici le cours de la Mimente qui en a décidé. Si Stevenson a emprunté la rive gauche et le chemin devenu N 106, le GR oblique rive droite à St-Julien-d’Arpaon pour suivre les gorges de la Mimente et le tracé de la voie, maintenant déferrée, menant à l’ancienne gare de Cassagnas, agrandie et reconvertie en gîte.

Les chiffres du jour : distance : 19 km, dénivelé +: 300 m,  dénivelé – : 158 m, IBP 59

Étape 9 - Lundi 7 juin : Cassagnas - St-Étienne-Vallée-Française

Une clède où l'on déposait les châtaignes sur un plancher disjoint pour les faire sécher grâce à la fumée d'un feu lent brûlant au rez-de-chaussée
Difficile de deviner dans ce cadre bucolique la vocation première de ces larges chemins créés à la fin du XVIIe siècle pour surveiller les protestants cévenols et y faire circuler troupes et canons
Difficile de deviner que ces larges chemins empierrés ont été tracés à l'origine pour surveiller les protestants cévenols et y faire circuler troupes et canons

L’étape d’aujourd’hui n’est  pas elle qui offre les paysages les plus grandioses, mais c’est celle qui nous fera le mieux comprendre l’histoire de cette région et  des hommes qui l’habitèrent depuis l’Antiquité. Les nombreux dolmens et menhirs en portent témoignage, le plus célèbre étant celui ayant donné son nom au col de la Pierre plantée.
Les tombes, disséminées ici et là, rappellent les persécutions subies  dans cette enclave protestante après la révocation de l’édit de Nantes puis lors de la guerre des Camisards. Le GR lui-même en est dérivé, puisqu’il s’agit d’un des chemins royaux tracés pour surveiller les protestants au XVIIe siècle.
Mais l’évocation la plus visible reste la présence des forêts de châtaigniers (appelé parfois “l’arbre à pain”) qui furent jadis plantées par les moines. Véritable richesse pour les Cévenols qui y trouvèrent nourriture, bois pour les charpentes, les meubles, les ruches… De nombreuses clèdes témoignent de ce passé qui subsista jusqu’à ce que les plantations soient confrontées aux maladies de l’encre et du chancre à la fin du XIXe siècle.
Nous traversons ensuite Saint-Germain-de-Calberte, où d’autres résistances, plus tardives, se manifesteront dans les années 1940,  puis nous atteignîmes St-Étienne-Vallée-Française.

Les chiffres du jour : distance : 23 km,  dénivelé + : 355 m, dénivelé – : 795 m, IBP 71

Étape 10 - Mardi 8 juin : St-Étienne-Vallée-Française - St-Jean-du-Gard

Depuis le col Saint-Pierre
Depuis le col Saint-Pierre
Borne d'entrée du département du Gard
Borne d'entrée du département du Gard

Courte et dernière étape de notre séjour avec pour seule difficulté le passage du col de St-Pierre, porte d’entrée du département du Gard, à l’altitude modeste (601 m) mais aux pourcentages assez raides.
Une table d’orientation nous permit une dernière fois d’embrasser du regard les paysages qui nous furent familiers durant ces quelques jours, et chacun put apprécier ces moments entre beauté du panorama et satisfaction du défi relevé en arrivant au terme du parcours.
Ce moment de nostalgie n’épargna pas Stevenson lui-même puisque, malgré son flegme volontiers hautain d’aristocrate écossais, il écrivit : “Modestine et moi – ce fut notre dernier repas de compagnie – prîmes un casse-croûte au sommet du Saint-Pierre. J’étais assis sur un tas de cailloux, elle se tenait près de moi et, comme une personne bien élevée, recevait le pain de mes mains. Manger ainsi doublait le plaisir de la pauvre bête, car elle avait une sorte d’affection pour moi. Et pourtant j’allais bientôt trahir sa confiance.”
Puis ce fut la longue descente vers Saint-Jean-du-Gard dans un environnement qui s’adoucit et se méridionalise jusqu’à notre arrivée au gîte  “Le pré de Modestine”.

Les chiffres du jour : distance : 14 km, dénivelé + : 360 m, dénivelé – : 443 m, IBP 57

Mercredi 9 juin : St-Jean-du-Gard - Pessac (via le Monastier-sur-Gazeille)

Dès 8 heures le conducteur du minibus de la Malle postale se présentait au gîte pour charger les bagages et nous ramener vers le Monastier afin de récupérer nos véhicules.
Ce fut un agréable voyage d’environ 200 km où le chauffeur eut l’amabilité de nous faire profiter du circuit le plus pittoresque, nous offrant l’occasion de (re)découvrir une dernière fois de magnifiques points de vue sur les Cévennes et la Lozère.
Après un dernier repas pris en commun dans un restaurant du Monastier, nous prîmes la route pour Pessac vers 14 heures.

La navette du retour vers Le Monastier
La navette du retour vers Le Monastier

Merci à tous les participants qui ont contribué par leur bonne humeur, leur esprit d’équipe, leur ponctualité jamais prise en défaut à faire de ce séjour une réussite.
Merci à ceux qui ont souffert ou traversé des moments difficiles d’avoir eu le courage, l’élégance et la pudeur de n’en avoir rien laissé paraître.
Merci aux hébergeurs pour la qualité de leur accueil, l’excellence (surprenante) de leur offre concernant aussi bien le logement que les prestations culinaires.
Un merci particulier à Alain, Dan et Yves pour leurs photos ayant permis d’illustrer ce compte-rendu.